Une émouvante Mise au Tombeau
La Mise au Tombeau de Soignies (v. 1440-1460) constitue, au sein de cette typologie qui connut un grand succès à la fin du moyen âge, une œuvre de tout premier plan. C’est l’une des plus anciennes en Belgique conservée dans un excellent état mais aussi l’une des plus abouties sur le plan de l’expression dramatique et de l’exécution plastique.
Ce thème iconographique du « Saint Sépulcre » témoigne de l’attachement au culte de la Passion qui s’est développé au terme d’un siècle où les malheurs – guerre de Cent ans, famines, épidémies de peste, révoltes paysannes,…- se sont multipliés. Dans un contexte de deuil et de misère, la religion chrétienne, par l’intermédiaire de l’art, propose une méditation pour retrouver l’espérance chrétienne face au désarroi que suscite la mort : le sacrifice du Christ rappelle la souffrance acceptée, la mort vaincue, la Résurrection promise à chacun,…
Dans un enfeu gothique spécialement conçu à cet effet, huit personnages évoquent en un instantané pris sur le vif le récit biblique de l’ensevelissement du Christ après la Descente de Croix. Nicodème (le personnage penché en avant) et Joseph d’Arimathie (près de la tête du Christ) déposent le corps du crucifié dans un cercueil tandis que des proches pleurent et se recueillent au second plan, autour du défunt, selon une composition conforme au schéma iconographique des Mises au tombeau monumentales. La Vierge Marie et saint Jean qui la soutient occupent une position centrale, encadrés par les Saintes Femmes : Marie Cléophas et Marie Salomé, ainsi qu’aux pieds du Christ, un peu isolée, sainte Marie-Madeleine.
La scène sculptée dialogue avec un paysage peint, malheureusement très lacunaire, figurant la colline du Golgotha, au fond de l’enfeu. Un fragment illustrant un des deux larrons est encore présent, à côté d’une grande croix centrale, logiquement vide puisque le Christ a été déposé pour être enseveli à l’avant-plan.
